Tombées du livre ...2-1
Parce qu'il n'y avait pas de bras au bout de ta tendresse
ni d'yeux pour se poser sur mes prouesses.
Parce qu'il n'y avait pas de lèvres à ton sourire
ni de mots doux à déposer dans mon cou.
Puisque rien de nous n'est arrivé jusqu'à nous,
délicatement, dans un geste inconnu,
j'ai pris l'amour pour le mettre au milieu de tout.
Faire facétie de l'adversité
Pour que les coups que l'on prend
Ne soient plus nos marques déposées
Bombe et redingote dans les taillis taillés.
Cris, poudre, abois pour l'hallali.
Désarçonné, jeté dans les mousses,
lâché par la meute fumante,
dans l'humus au silence rallié,
la vie sauvage passera sur ton cor.
*
Abri sous roche.
Nos âmes caillassées
frayent dans des galeries
de sédiments accumulés.
Elles répondent, pierre pour pierre,
dans une obstination minérale,
au lointain écho sidéral
de notre imaginaire troglodyte.
Minerai, on se mine.
Gemme, on s'aime.
Rochers au bord du torrent
Couronnes noires des remous
La pluie sur nos fronts penchés
S'extraire.
En nous, tant de gisements.
*
Parce que nos corps ne pèsent pas lourds pour nos âmes,
longue, longue ta marche, pour venir aussi près de moi.
Nos étreintes en appellent à l'incalculé.
Lourds cordons d'yeuses
Légères estampilles du pluvier
Nous sommes ce que nous portons
Le vide est un tout qui fait semblant de rien.
*
Tu t'allonges dans la Chambre Secrète,
cette Étoile contre ta poitrine.
Nuit des noces mystiques.
Au crépuscule de l'aube,
tu quittes la mansarde de l'aurore,
illuminée, tel vagabonde des clartés.
Aucune trace de ton passage.
Il ne faudrait pas que le Soleil
te surprenne dans Ses bras.
Vivre sans toit
Allongée sur les draps
Le ciel s'est rapproché de toi
Tu as laissé tous les mots
dans ta nuit blanche et quelques autres
sur le palier du petit matin.
Retourne les chercher.
Même s'ils ne sont que poudre de Silence,
il ne faudrait pas que le Soleil.
*
Pour Valérie
Tes épaules appuyées contre un mur gorgé de soleil
pendant que tes rétines dévissent
sur les toits glissants de pluie.
Tu étends des soieries de babillages sur la corde à linge
du soir.
La brise, en passant, emporte quelques uns de tes secrets.
C'est sa façon, à elle, de rester légère.
La neige est tombée sur nous
Ensevelis
Nous avons préféré rester dessous
C'est ainsi, qu'un jour,
plus rien n'a eu de poids.
*