Printemps

Regarde au début. L'histoire commence comme cela.

Notre enfance se tient là, aux premiers temps,

parmi les jeux et les mises en garde vite oubliées.

Nous sommes, tour à tour,

rayon de soleil, parfum de jacinthe, fleur de cerisier !

Un œil au bout de chaque doigt. Chaque doigt tendu

vers les immenses ramures de l’inattendu.

 

Graines décortiquées, saveurs mises en pièces,

premières fleurs serrées sur la poitrine.

Les orages, de fin d'après-midi, crèvent

quelques bulles odorantes que la chaleur soulève de terre.

Le ciel secoue sa nappe de fougères et de boutons.

Le zèf découd les blés montés en gazon sauvage.

Les talus dégringolent d'herbes hautes et d'ombres qui se couchent.

 

Regarde les odeurs, éclaboussées de pluie,

tonitruant, à chaque pas, leurs lierres sur nos chevilles,

nous rappelant au protocole des enfants héritiers de l'ici-bas.

Vois les mises en scène audacieuses des origines du monde.

Ce monde se tient prêt, sans échelle de corde et sans filet,

à nous hisser jusqu'à lui, pour le seul risque de nous voir vivre

avec l’empreinte définitive de cette saison au creux du ventre.

 

Reprends le chemin des collines. Le plaisir garnement des égarements.

Rayon de soleil, parfum de jacinthe, fleurs de cerisier !

Tout est là, intact. Approche et touche. Ose une cabriole.

Retourne le monde en ta faveur. Poirier des vraies valeurs !

Répète, ressasse. Fais italiennes des mêmes litanies !

Rabats les oreilles du soleil, des jacinthes et des cerisiers.

Les fous de vivre font merveilles parmi la beauté et les pollens.

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