Calligraphie
Calligraphie
Un pays délicat a pris forme
dans les replis du Silence.
Il est de neige, de reflets de moire,
sous un ciel long et blanc,
traversé de branches noires.
Tout au bout, le chiffon fripé
des premières fleurs de cerisier.
Un Pays de Silence a grandi,
fertile comme un koan.
L'esprit s'inscrit dans le cercle.
L'instant nourrit l'instant.
Et de commencement
en commencement,
tout est offert, en présent.
Un Pays de Silence se répand
dans les arômes du thé versé.
Les pigments broyés,
les pinceaux disposés,
le geste vertical, suspendu,
avec en dessous,
l'idéogramme inattendu.
Un Pays de Silence se déplie
sur les lattes du parquet ciré.
La natte invite à la pause
et la respiration, seule, dépose
sur le papier lavé,
l'encre ébène déliée
sur les contours du Vide.
Un Pays de Silence se resserre
sur les fragrances mêlées d'une fleur aigrette,
à celles des laques et des vernis.
Sur le paravent, dessinés,
les rivages d'un lac gelé.
Des feuilles d'or y abritent, de la morsure du froid,
des oies sauvages.
Le vent soulève, autour des vitres,
les vieux mastics et attise le poêle.
La promesse d'un printemps se voile,
balayée par une pluie glacée et oblique.
Il est trop tôt pour la saison.
Au sol des rues, le chiffon souillé
des premières fleurs de cerisier.
*