Brindille
Brindille
Brin de rien, brindille,
pécadille.
Sur le vent, déposée là.
Ikébana.
La Pesée fissure le front des Cariatides,
la Charge brise l'échine des Atlantes.
L'Ancien Monde s'est écrasé, épuisé
sous sa propre masse. Émietté.
A présent, Brindille, tire-sève,
emmène la création, vers le haut,
sur des chemins de transparence ourlés de rosée,
qu'une lymphe-force abreuve.
Fille de l'air et des choses légères,
suspendue en gouttelette
à la gracieuse et éphémère
mise en scène des attractions.
Il y a sur ta peau impératrice,
déposée comme exosquelette,
l'arythmie d'un cœur-cicatrice
qui bat le oui, qui bat le non,
et ne fait plus avec sa tête.
Pour donner le rythme. Pour donner le ton.
Équilibre qui s'appuie sur les vertiges,
s'accoude sur les vides intercalaires,
et donne aux formes qu'emprunte l'air,
le recueil d'une cambrure, l'élégance d'une tige.
Et pourtant, Brindille, dernière pousse printanière,
joyau porté haut sur une couronne altière,
bousculée par cette saison que les éléments malmènent,
jetée à bas et confondue avec les feuilles mortes mêmes.
Un jour, ce jour, c'est sûr, un coup de vent t'emporte
et tu passes du plus haut vers le bas. Qu'importe.
Tu bascules, te plantes dans un parterre de fleurs,
et dans l'ombre, tu fais, de ta chute, un tuteur.
Qui de nous saurait de sa fragilité
offrir un support aux ipomées ?
Finir ta course dans un carré d'herbes sauvages
voilà ta dédicace et la fin de ton voyage.
Née pour tirer, vers l'azur, un houppier,
te voilà, à présent, à son pied,
comme pour s'y coucher, savent le faire
les derniers rayons d'un soleil d'hiver.
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