Tombées du livre ... 2-2
En franchissant
la ligne de moindre résistance,
j'atteins des buts,
qui n'en sont pas,
sans même le savoir.
Dans le vent geste bohème
J'ai déchiré mon poème
Pour l'offrir à qui l'aime
Dans le panorama des jours agissants,
il est un rivage immense bordé d'alpages.
Je l'imagine avec ce qu'il me donne à voir.
Je le nourris de ce qu'il produit.
Je le construis avec ce qu'il m'offre de matériaux.
Je fais avec lui, relation de la joie qu'il porte.
Dans le panorama des jours agissants,
aurais-je le goût de m'attarder
parmi tant de choses simples ?
*
Mauvaise herbe.
Averse.
Soleil levant.
Qu'est-ce que j'arrache ?
Qu'est-ce qui me tombe dessus ?
Qu'est-ce qui me saisit ?
Sans forme je suis
En toutes formes je vis
Gardeur de l’Indicible Lien
Je suis poussière,
partie d'un rien de la vie,
écailles blanches et diamants.
Poussière, dressée dans un tourbillon,
je vole un pas de danse.
Feuilles brunes et lazulite.
La vie se cabre et je goûte aux formes.
Je suis poussière, toute entière donnée
dans le vertige des verticales.
Le vent retombe
et moi avec.
*
Une adresse dans le vent,
je suis partout chez moi.
Perpétuel arrivant,
sans cesse sur le départ,
Une adresse dans le vent,
je m'en remets à nulle part.
Je ne suis rien d'unique
Rien de spécifique
Braise sur quoi souffle un air libre
J'ai cherché dans la durée.
J'ai cherché dans l'oubli.
Il n'y a de réponse en rien.
D'ailleurs, la vie ne répond de rien.
Nous sommes enfants des éparpillements,
obstinément préoccupés à consolider l'éther.
Modelés dans l'antimatière,
nous donnons corps, dans la matière,
à l'empreinte ébouriffante du Néant.
*
Nous avons approché l'inconnu
pour connaître la peur.
Traversé la peur en nous vivant séparés.
Nous avons vécu séparés
pour souhaiter Le rejoindre.
Le rejoignant, nous pénétrons l'Inconnu.
Il écoutait
Pendant des heures il écoutait
Puis il prenait feu
Je le cherche, Il se cache.
Je tends l'oreille, Il se tait.
Je veux m'en servir, Il disparaît.
Je l'appelle, Il s'éloigne.
J'en ai besoin, Il se détourne.
Je l'étreins, Il se fige.
Nuit mystique.
*
En passant.
Que la vie soit tout avec nous.
Qu'elle ralentisse le pas en notre compagnie
et qu'elle garde, pour nous, sa fin la meilleure.
Il est plus facile d'aimer en étant sûr de rien.
Nos pourquoi ne questionneraient plus
Nos parce que n'expliqueraient plus rien
Nos pensées retourneraient à l'état sauvage
Et dans ce siècle de grande lassitude
tout l'amour est à refaire,
comme on refait son sang
au festin de la joie invincible.
*